Le tabac va agir sur la gencive et sur la flore buccale, rendant ainsi le patient fumeur plus susceptible aux gingivites. Chez ces patients, le risque de développer une maladie parodontale (environnement de la dent) est de 3 à 6 fois supérieur à celui des patients non-fumeurs : les patients fumeurs ont plus de plaque dentaire (futur tartre) et des espèces bactériennes plus virulentes.
Zarnbon et ses collaborateurs ont montré des pourcentages bactériens plus élevés pour A. actinomycetemcomitans, P. gingivalis et Bacteroides forsythius chez les fumeurs, la proportion de B. forsythius augmentant avec le nombre de cigarettes.
Le tabac altère les réactions de défense face à l'agression bactérienne :
· les anticorps salivaires et sériques (IgA) sont moins nombreux chez les fumeurs, en particulier les anticorps contre P. intermedia et Fusobacterium nucleatum ;
· le tabac peut également affecter la fonction des polynucléaires neutrophiles dont la phagocytose et la chimiotaxie vont être moins efficaces ;
· la nicotine est responsable d'une diminution de la vascularisation gingivale, et elle inhibe la production de collagène et augmente l'activité de la collagènase ;
· la production de cytokines ou de médiateurs de la réponse inflammatoire est également augmentée par le tabac, que ce soit l'interleukine produite par les ostéoblastes ou le Tumor Necrosis Factor
alpha. On connaît le rôle destructeur de telles substances sur les tissus parodontaux ;
· le tabac contient deux métaux lourds - le plomb et le cadmium - qui polluent l'organisme et réduisent les apports en vitamine C principalement d'où une forme de scorbut.
Les études concernant l'arrêt du tabac montrent une réversibilité de ses effets. Au bout d'un an de sevrage, la gencive tend à redevenir normale, elle perd son aspect fibrotique et violacé. P. & C. Mattout et H. Nowzari notent que le patient fumeur répond moins bien aux thérapeutiques parodontales et implantaires que le patient non-fumeur. Les techniques de régénération tissulaire guidée et de chirurgie plastique parodontale ne seront pas mises en œuvre chez le gros fumeur (consommation journalière supérieure à 20 cigarettes).